Chili – San Pedro de Atacama, Drive me to the Moon
Chers internautes,
Après non pas vingt heures de bus comme prévu, c’est bien 25 heures que nous avons passé dans le même véhicule, sur les mêmes sièges situés près des toilettes odorantes, à traverser la moitié du Chili pour nous rendre dans le désert de San Pedro de Atacama, à 2400 mètres d’altitude, autrement dit, le plus haut point où nous étions allés jusqu’à ce moment-là. Notre arrivée dans le nord du Chili sonnait donc plusieurs semaines « très en hauteur ».
Au Chili, les transports sont chers, nous aurons donc payé 47400CH$/pers (env. 65€) pour effectuer cette journée de transport interminable depuis Valparaiso.
Le trajet est simple, il va toujours tout droit. Il n’y a rien, que du désert et des paysages lunaires, au point qu’il est difficile de s’imaginer quelconque vie sur la route et pourtant… Nous traverserons quelques villes, admirerons le Pacifique sur notre gauche et le sans-vie plein de cactus sur notre droite. Pendant 25 heures, trois chauffeurs se relayeront et nous n’aurons aucune pause pour nous dégourdir les jambes…
C’est à minuit, le lendemain d’être partis, que nous sommes arrivés à San Pedro, épuisés et toujours en mode paranoïaque, surtout en arrivant de nuit. A 5 minutes de la station de bus, notre auberge, Laskar Cabur hostal fut un endroit très paisible et très agréable où nous avons partagé un dortoir avec d’autres voyageurs dans la maison de Louis, un très sympathique chilien qui parle anglais comme Arou parle espagnol. Bref, un vrai dialogue de sourd…
Bref, San Pedro de Atacama c’est… très chouette ! Perdu au pied du volcan Licancabur qu’on voit parfaitement depuis la rue de notre auberge. San Pedro, c’est ambiance village mexicain paumé dans le désert, il y fait seulement 12% d’humidité, c’est donc peu dire qu’ici tout est sec et qu’en plein soleil, il fait… lumineux et chaud ! Et comme l’air est aride, qu’il y a peu d’humidité donc, la visibilité est époustouflante ! On peut donc y voir à des kilomètres, admirer la cordillère des Andes, cette chaîne montagneuse qui s’étend de l’Alaska à l’Antarctique et la nuit… le ciel étoilé, qui est comme nous ne l’avons JAMAIS vu. D’ailleurs, c’est à San Pedro de Atacama qu’a été inauguré il y a à peine quelques années l’observatoire international ALMA, malheureusement inaccessible aux touristes.
Passer de Valparaiso qui se situe au niveau de la mer à San Pedro de Atacama, à 2400m, ne se fait pas sans difficulté. Le souffle s’y fait court et toutes les bouteilles contenant des liquides (eau, shampooing, crème, déodorant) peuvent vous réserver de drôles de surprises ! Les quelques semaines qui suivirent, nous avons atteint des altitudes telles qu’on aurait pu littéralement faire des batailles de… billes de déodorant. Pour ceux qui ont déjà vécu l’expérience, ça ne devrait pas être difficile à comprendre !
Bref, San Pedro c’est mignon, les maisons sont en carton mais l’atmosphère est très agréable. On fait nos courses dans des « mini-markets », des sortes d’épiceries où on trouve le strict nécessaire. Il y a la rue Caracoles où on trouve les agences de voyages qui proposent toutes plus ou moins les mêmes services. Cependant, il faut, comme toujours, bien comparer les prix des différentes agences car au Chili, comme beaucoup de chiliens et de sud-américains y voyagent, il est parfois possible de tomber sur une agence qui vous proposera des excursions avec des guides essentiellement… non anglophones (oui étonnant).
Sur San Pedro pour trois nuits, nous avons donc fait deux excursions… très surprenantes qui nous ont révélé toute la beauté de la région !
Un paysage spectalunaire
Premier jour, première après-midi, nous embarquions à bord d’un mini-van avec une dizaine d’autres voyageurs, pour partir découvrir la Vallée de la Lune dans les environs de la ville. A la question du guide : « qui ne parle pas espagnol ? », Arou fut la seule à timidement lever la main. Qu’à cela ne tienne, notre guide, le meilleur qu’on ait eu pour l’heure en Amérique du sud, n’a eu aucune réticence à prendre Arou en aparté tout au long du tour pour lui faire toutes les explications dans un excellent anglais, ce qui fut franchement très apprécié.
Ce tour qui coûte 8000CH$ + l’entrée à la vallée 2000CH$ (soit au total env. 14€) nous a amené admirer plusieurs endroits de 16h à 20h. L’agence, nous ayant très bien briefé, nous étions très bien équipés pour parer toutes les différentes températures (crème solaire pour la journée, gros pull pour le coucher de soleil).
On nous conduira en premier au Mirador de Kari d’où nous avons pu observer la Cordillère des Andes et ses quelques volcans ainsi que la Valle de la Muerte et son paysage martien. Puis, direction les grottes de sel qui sont en permanente érosion. Le lieu est charmant et diffère d’une année sur l’autre après la période des pluies. Plus tard, on conduira dans un paysage lunaire époustouflant jusqu’aux rochers des trois Marie. Et en fin de journée, nous irons à la Dune Mayo pour admirer le coucher de soleil sur les Andes. C’est indescriptible tellement c’est beau et surréaliste. Les photos parleront donc pour nous…
Ce tour était simple et très chouette. Il fut une très belle introduction aux beautés sud-américaines et fut d’un immense contraste avec les paysages asiatiques. Nous avons donc passé quatre heures à se croire sur une autre planète et à se dire que l’Amérique du sud c’est sacrément beau !
Là-Haut au Geyser El Tatio
Au lendemain, très tôt, on est venu nous chercher à trois heures et demi du matin pour aller voir le lever du soleil à l’un des geysers le plus haut du monde : le geyser El Tatio ! A la différence de notre précédente agence qui nous avait hyper bien briefé pour une excursion de seulement quatre heures, ici pas un seul mot sur l’équipement à emporter. Et quelle catastrophe ce fut, très belle catastrophe certes, mais catastrophe quand même !
Bref, on vous raconte.
Louis, le propriétaire de l’auberge, nous a conduit directement à une agence dans la rue Caracoles pour probablement toucher une commission. Pris un petit peu entre deux feux, nous nous sommes installés et avons calmement regardé les différentes activités proposées. La dadame, avec une drôle de tête pas très accueillante, ne semblait absolument pas sensible à notre air : « on ne sait pas trop quoi faire dans le coin, que pouvez-vous nous proposer ». Oui, elle faisait partie de ce genre de professionnel qu’on considère comme incompétent et ce surtout dans l’après coup. Donc, après notre propre effeuillage de ses prospectus, nous avons opté pour l’excursion jusqu’au geyser El Tatio. Et puis, c’est sans un mot qu’elle s’est révélée être très efficace pour … nous prendre notre argent (20000CH$ + 5000CH$ d’entrée au geyser, soit env. 35€) et simplement nous donner l’heure à laquelle le mini-van viendrait nous chercher le lendemain matin, pas plus, pas moins.
Ayant passé l’après-midi et la soirée dans le coin de la Vallée de la Lune, rien ne prédisait une quelconque catastrophe climatique. Et puis, le lendemain est arrivé…, à notre montée dans le bus, le cœur d’Arou s’arrêta en voyant tous ces messieurs occidentaux sapés de doudounes et de gros bonnets, tandis qu’elle, portait un pantacourt et des baskets léopard à 6 dollars 6 sous et que Flo n’avait qu’un sweat-shirt recouvert d’une softshell. Bref, notons que notre cher guide, qui au passage ne parlait pas un seul mot d’anglais, n’a absolument pas tiqué en nous voyant avec nos petits vêtements du dimanche tous rigolos. Mais de toutes manières, même si nous avions su, même à l’hôtel, nous n’avions aucun équipement (nous arrivions tout juste d’Australie, nous n’avions ni chaussures de marche, ni manteau). Donc oui, ce fut aussi horrible que vous pouvez l’imaginer. Durant tout le trajet qui dura environ deux heures, pour nous conduire jusqu’au champ géothermique avec les geysers (à 4320m d’altitude), la fenêtre ouverte, nous avons roulé dans la nuit, en tentant de nous réchauffer tant bien que mal. A cet instant précis, on se sentait angoissé, honteux et ridicule. Le soleil pointant à l’horizon, à ce moment précis, on se demandait comment la situation pouvait être pire en repensant à la pouffe mutique de l’agence qui ne nous avait pas dit un mot sur les températures négatives de cette excursion.
« Mais non, tu vas voir, là il fait très froid parce qu’il y a du vent qui rendre dans le van, quand on va sortir ça ira mieux ».
LOL… Instant de solitude… Tristitude…
A notre arrivée au sommet, lorsque nous sommes descendus du véhicule, on a senti le froid, les moins sept degrés Celsius, nous envahir jusqu’au fond de nos tripes. Mais après réflexion, notre triste sort nous a fait beaucoup rire et les photos avec des lèvres quasi-violettes nous ont rendus plutôt photogéniques. Bon, une fois ce mauvais moment passé, le soleil levé, il faisait froid mais la chaleur du chauffage du mini-van nous remplit nos petits coeurs de bonheur. Sinon, le champ géothermique était hyper chouette ! Les geysers, qui se comptent par dizaine, peuvent bouillir jusqu’à 85°C, c’est donc peu vous dire qu’on a kiffé nos races à danser autour des geysers comme si on avait gagné une guerre.
Bon, ok, après avoir vraiment réfléchi, quand on associe les faits suivants : « geysers + haut en altitude », forcément, ça ne fait pas bien chaud. On conclura donc que : la pouffe de l’agence est une conne et… nous aussi !
En plus de devoir gérer le froid, il a également fallu qu’on gère notre première montée en haute altitude. A cette hauteur, on marche 10 mètres en finissant essoufflé comme si on avait couru 150 mètres et notre tête bourdonne comme si le sang de notre cerveau voulait en jaillir. En remède, au petit-déjeuner, inclus dans l’excursion, on boira du thé dans lequel infusent des feuilles de coca. Parait-il que c’est bon contre le « soroche », soit le mal de l’altitude.
Après cette éprouvante visite du champ, dont nous n’avons malheureusement pas pu profiter comme nous l’aurions voulu, on nous a conduit à la piscine en extérieur de sources d’eau chaude. Et emmener son maillot de bain, ça on l’avait bien compris ! Nous fumes donc les premiers à plonger dans l’eau chaude de la piscine et ce fut… un grand soulagement pour nos orteils qu’on commençait à perdre.
Après notre baignade revigorante, on nous a distribué un prospectus… expliquant dans un parfait anglais qu’en venant au geyser El Tatio, il faut bien se couvrir car nous pouvons être confrontés à des températures négatives… Ah oui !? Merci de prévenir ! (Dernière phrase à prononcer avec une voix suraigüe, ça fait mieux).
Bon, une fois la matinée bien entamée, sur la route du retour, nous avons pu observer le volcan Putama encore actif au loin. Impressionnant et magnifique.
La dernière étape de cette excursion épuisante : le village Machuca réputé pour être un village traditionnel chilien, dont les habitants se cachent des très nombreux touristes. Ici, on y vend des brochettes de viande de lama que nous n’avons pas goûté, puisque nous sommes un peu cons…
Lamas, coyotes, alpaguas, flamants rose… au niveau faune sud-américaine, cette excursion nous en a jeté plein les yeux ! Et c’est ainsi donc que nous avons fini ce tour en surprenant dans la nature locale, de nombreux animaux bien d’ici !
Après ce tour à San Pedro de Atacama, nous sommes partis encore plus au nord, à Arica plus exactement, une station balnéaire où le surf est roi, ville depuis laquelle nous avons traversé la frontière vers… le Pérou !!!
Pour les futurs voyageurs et les plus curieux d’entre vous, on vous racontera comment ça s’est passé dans le prochain billet.
A bientôt depuis la frontière !
Arou & Flo
Novembre 2013 :
Laskar Cabur hostal (cf. hostelworld.com) : 10€/nuit(semaine)/pers et 12€/nuit(week-end)/pers
Tour à la Vallée de la Lune : 8000CH$ + 2000CH$ / pers (env. 14€)
Tour jusqu’au geyser El Tatio : 20000CH$ + 5000CH$ / pers (env. 35€)