Chili – Bienvenido en Sud America !
Chers internautes,
Nous partions de Sydney le 6 novembre à 13h et, treize heures de vol et quatorze heures de jetlag plus tard, nous arrivions à Santiago du Chili le 6 novembre à midi… Oui, l’expérience du saut spatio-temporel fut quelque peu sportive et plutôt intéressante ! En l’espace de quelques dizaine d’heures, nous venions de traverser plus de la moitié de la planète, nous retrouvant tout simplement… le jour d’avant !
C’était donc parti pour un troisième continent, le dernier de notre périple d’une année autour de la planète ! En ce début novembre 2013, nous entamions donc la dernière partie de notre voyage en visitant l’Amérique latine pour les quatre prochains mois.
Première destination de cette nouvelle partie de notre vie : le Chili et plus exactement Santiago, sa capitale !
Et pour dire vrai, même après huit mois de voyage, quand vous avez un minimum de sensibilité, que vous arrivez sur une nouvelle terre (et que optionnellement, vous avez quatorze heure de jetlag dans votre petit corps), tout vous semble irréaliste et incroyable.
Les bagages débarqués, le seuil de l’aéroport traversé et nous sautions dans un mini-van pour nous rendre dans notre auberge de jeunesse réservée sur le très bon site hostelworld.com. Pour 2625CH$ (chilean pesos, 1€ = 695CH$), on nous conduisait directement à Nuevo Horizonte hostal, une auberge de jeunesse correcte quoique un peu crade quand même. Contrairement à l’Asie du sud-est, ici, en Amérique du sud, le logement de routard le plus courant et le plus abordable est l’auberge de jeunesse qui ressemble à celles qu’on trouve en Australie (avec dortoirs, salle de bain et cuisine communes). Pour les couples donc, il faut souvent prévoir un budget un peu plus élevé pour pouvoir se payer une chambre double correcte et propre. En ce qui nous concerne donc, les semaines qui suivirent notre arrivée au Chili, nous avons opté pour l’option aucune-intimité et allons-nous-faire-plein-de-copains dans ces dortoirs qui peuvent accueillir parfois jusqu’à une vingtaine de lits !
A notre premier soir, nous avons rencontré W., un jeune voyageur de 21 ans à l’histoire plutôt… différente de la nôtre et, disons-le, beaucoup moins privilégiée. W. commença d’abord par nous aborder dans la cuisine commune de l’auberge dans un parfait français : « salut, ça va ? », nous laissant croire que nous avions affaire à un compatriote franco-français. En réalisant très vite que c’était tout ce qu’il savait dire dans la langue de Molière, nous avons entamé la conversation avec ce jeune homme hypra-ouvert et plein de curiosité. Coréen de naissance, il venait de quitter les Etats-Unis où il vivait avec sa mère et son frère de manière illégale depuis ces onze dernières années. Ayant travaillé dans une épicerie coréenne près de 80h/semaine à gagner à peine 5$ de l’heure, du jour au lendemain, il décida tout simplement de… prendre la route. Un an passé à vadrouiller dans tous les Etats-Unis et à la question « où dormais-tu », il nous répondit tout simplement « là, où je pouvais, chez des gens, sous des ponts, etc. »… Ca annonçait déjà la couleur. Devant notre projet de tour du monde complètement loufoque, W. était ébahi et admiratif, nous demandant ce qu’on faisait dans la vie et étant complètement abasourdi d’apprendre qu’en France, les études ne coûtaient quasiment rien. Après avoir visité le pays d’Oncle Sam, W. prit un vol simple direct vers le Mexique pour ensuite commencer son chemin en Equateur, pays qu’il adora. Au jour où nous avons rencontré W. il arrivait tout droit du Pérou, en auto-stop. Un chemin interminable, selon lui. Avait-il eu peur de se déplacer ainsi ? S’était-il senti menacé ? Aucunement. Il y avait chez W. cette sorte de naïveté qui fait plaisir à rencontrer, vous faisant croire que voyager à la « vraie routarde » c’est facile. Mais loin de lui cette idée de nous faire croire cela. Si aujourd’hui, il était avec nous dans cette auberge, c’est qu’il commençait à « sérieusement puer » et qu’il avait besoin « d’une bonne douche ». Le soir, il partagea avec nous sa bouteille de vin « Gato » (bien meilleur qu’en Australie) et nous, les quelques bonbons qu’on avait acheté pour vider notre compte Australien des quelques dollars qu’il nous restait. On lui parlait de nos cinq mois passés en Asie et on lui racontait à quel point c’était facile de gagner 20$ de l’heure à découper des bunchs de bananes dans le trou de l’Australie. A la question « tu vas faire quoi de ta vie ? », il répondait en souriant avec un air un tantinet embarrassé : « je ne sais pas trop, je pensais prendre un cargo pour la Nouvelle-Zélande, ça va prendre 4 mois, je pensais y travailler ». Retourner en Corée du sud ? Pas même y penser, il devrait y faire son service militaire et ayant le corps tatoué, il ne peut pas, et s’il ne peut pas, il est black-listé, s’il est black-listé, impossible de trouver un travail et d’y faire une vie. Mais ça… c’était probablement la version simple de la vraie histoire. Retourner aux Etats-Unis ? Maintenant qu’il est sorti du pays, impossible, à moins qu’un jour son frère se marie avec une citoyenne américaine et le fasse revenir. Nos deux chemins se croisèrent donc ce soir-là, autour d’une bouteille de rouge et quelques bonbecs, nous les enfants gâtés privilégiés et lui l’apatrié qui dort sous les ponts. Mais ici, résidait bien une chose qui nous unissait : le désir de voir autre chose. Il n’y a rien eu de fou à rencontrer W., il s’agissait juste de l’histoire simple et sincère de différents destins totalement éloignés qui se sont rencontrés à ce moment-là, avec le même intérêt de… partager. Et oui, on n’a plus besoin de long discours pour vous faire comprendre qu’on en apprend en voyageant…
A Santiago, nous n’avons rien fait de fou. Il y a bien le funiculaire qui est accessible depuis la station de métro Baquedano, mais ce jour-là, les services étaient en grève (ah tiens, ça existe ailleurs qu’en France !?). Ceci dit, le métro est amusant à prendre. Il ressemble à notre tendre métropolitain parisien mais les prix diffèrent selon l’heure à laquelle on le prend (à heure creuse, le ticket coûte 695CH$, soit env. 1€). Dans cette nouvelle ville, on commence à découvrir les chiliens… des loveurs à l’œil très baladeur. Hommes et femmes se bécotent tout en gardant un regard sur la paire de fesses voisines. Et à chaque coin de rue, l’un comme l’autre, nous nous faisons mater avec peu de discrétion. C’est étonnant et ça change de la pudeur asiatique et de la retenue occidentale. C’est tellement fréquent que ça en devient presque amusant tellement c’est flagrant.
Le parc Santa Lucia est un très joli parc construit sur plusieurs paliers. De différents endroits, on y admire la superbe vue sur la ville. En premier plan, les bâtiments et quelques buildings. En second plan, on peut clairement voir les montagnes de la Cordillères des Andes. Un décor irréaliste pour un monde qui nous est totalement étranger, notamment pour Arou, qui n’a jamais mis un pied en Amérique du Sud. Flo l’avait pourtant prévenu : « tu verras, les paysages n’ont rien à voir avec ceux d’Asie ». Effectivement, ce jour-là, il faisait beau et chaud, dans les 25°C et au loin, on apercevait les pics enneigés qui se confondaient presque avec les nuages.
Santiago, comme tout le Chili, a quelque chose de contradictoire. Pays riche et pourtant un peu sale qui nous donne l’impression d’un entre-deux, l’impression qu’à la même image de beaucoup de pays étrangers à l’Europe : le très classe côtoie le très crade. Mais peu importe, le Chili est connu pour être l’un des pays les plus riches et le plus safe d’Amérique latine. Mais, comme dans le RER B de Paris, la ville la plus touristique au monde, on n’est jamais trop prudent…
48 heures à peine passés sur le territoire chilien et à notre départ de Santiago, en attendant le bus pour Valparaiso, Flo se faisait chourer son sac à dos avec le plus gros de notre matériel informatique Mais je pense qu’on en a déjà assez parlé ici. Alors, après s’être entendus dire par le service de sécurité que de toute façon nous ne retrouverons jamais nos affaires et qu’aller au commissariat était comme une perte de temps, c’est avec le moral dans le fond de nos chaussures et le courage à plat que nous avons tout de même pris notre bus vers la ville côtière de Valparaiso.
A plus après le bus…
Arou et Flo
Novembre 2013 : (1€ = 695CH$)
Mini-van entre l’aéroport et le centre-ville : 2625CH$/pers (env. 3,60)
Nuevo Horizonte hostal (cf. Hostelworld), dortoir de 4 lits : 10US$/pers (env. 7€)
Un ticket de métro à heure creuse : 695CH$ (env. 1€)
Perte du sac de Flo : 2000€
Bus vers Valparaiso « Tur Bus », se rendre à la station de bus Métro Universidad de Santiago : 4500CH$ chacun (env. 6,20€)
Une bonne Année à vous que je suis dès le début !
J’envisage un tour d’Amérique Latine et j’attends avec impatience vos impressions ! …vos déboires m’ont un peu freinée sur le choix des pays pour le tour d’Asie …Je vous souhaite donc tout le meilleur en Amérique du Sud ! Bonne continuation !