Bolivie – La Paz
Chers internautes,
Bienvenue à La Paz, la plus haute capitale au monde située à plus de 3500m d’altitude et pour qui le très efficace Lonely Planet réserve une bonne demi-page aux précautions à prendre lorsqu’on séjourne dans cette cité. En d’autres termes, attention aux faux taxis, attention aux faux policiers, attention à la fausse bienveillance, bref, attention à tout ce qui vous entoure et qui pourrait vous dépouiller.
Grandis de notre expérience chilienne traumatisante, nous sommes arrivés à La Paz avec Christiane (la voyageuse allemande de l’Inca Trail), en agrippant très fort nos sacs pour marcher jusqu’à la célèbre enseigne des backpackers… Loki, l’auberge des jeunes routards en recherche d’une expérience « Spring Break » et où il est, vous l’aurez bien compris, très facile d’y faire la fête. Chaque soir donc, est bon prétexte pour boire, jouer et boire, baiser et boire, se faire tatouer et boire, vomir et boire, bref, du grand rêve quoi… A l’issu d’un tel séjour à Loki, il y aura donc deux conclusions possibles pour le jeune voyageur : « trop tip top cool, La Paz c’était trop méga top de ouf ! » ou « comment-peut-on-atteindre-un-niveau-de-déchéance-pareil ? ». Franchement… devinez de quel bord nous sommes.
Bon, La Paz, très honnêtement, c’est gris, c’est froid, c’est pollué, on y respire avec difficulté et surtout 80% des voyageurs y tombent malade. Donc, oui, La Paz, ce n’est pas glamour et ça casse pas des briques… Mais nous, on est un petit peu boulet alors on y a quand même passé deux semaines. Ouais, ouais, on sait… Mais attendez qu’on vous explique.
Mais d’abord, finissons-en avec Loki. Sur deux semaines passées à La Paz, nous avons séjourné dans 4 auberges/hôtels différents et à Loki même, nous avons dormi dans quatre dortoirs différents. Oui, rien que ça. Mais vous aurez vite compris qu’entre les « roommates » qui rentrent arrachés en allumant la lumière à 4h du mat ou qui parlent comme en plein jour ou qui vomissent dans tous les lavabos disponibles, ou bien même les erreurs de réservation de la réception, on voyage dans le voyage en changeant de chambre et en gueulant et râlant jusqu’au moment où on craque et qu’on quitte l’endroit sans dire au revoir. Oui, donc Loki, c’est sympa selon l’état d’esprit. En l’occurrence, ce n’était pas le nôtre en décembre 2013.
Au second round, nous avons déménagé à Arthy’s guesthouse avec nos grosses maisons escargots qu’on a transporté sur un bon kilomètre dans les rues vallonnées et suffocantes de La Paz. A notre arrivée, les poumons en feu, nous avons découvert un petit oasis de tranquillité et de propreté. Retrouver le calme d’une chambre double, certes avec deux lits séparés, mais où on n’avait pas l’attitude insupportable de jeunes congénères alcoolisés, c’était comme retrouver le calme après la tempête. Ah oui, en aparté ! Il faut savoir qu’en Amérique du sud, une chambre double avec un lit double, s’appelle une « chambre matrimoniale », de quoi mal dormir quand vous savez que vous vivez dans le péché en n’étant pas mariés. Du coup, la chambre matrimoniale (sous-entendue, « où on peut faire des trucs cochons dedans ») coûte soit plus chère, soit n’existe pas. En alternative, les hôtels proposent parfois une chambre double mais avec deux lits simples séparés… Quoi que un peu froid, l’hôtel nous a permis de souffler et d’enfin bien dormir après la folie Loki.
Manque de bol, pour Noël (oui, ça y est c’est Noël), Arthy’s était fermé et nous laissait à la rue. Qu’à cela ne tienne, à notre retour de 5 jours dans la jungle (on vous racontera ça plus tard), nous avons opté grand luxe de Noël et avons payé 50$/nuit pour une chambre à l’hôtel 3 étoiles Naïra dans la rue touristique Sagarnaga. Un hôtel sympa mais plutôt faussement luxueux puisque pour 50US$ la nuit… on s’attendait à… juste mieux.
Parce que deux nuits à 100$, ça fait drôlement cher, nous nous sommes expatriés un peu plus haut dans la rue, à l’hôtel Sagarnaga où pour 150Bs à deux, nous avions notre chambre bien, bien dégueue mais franchement tranquille avec un personnel adorable. Mais surtout cet hôtel, c’est le lieu où nous avons rencontré nos chers acolytes qui nous suivrons pendant les deux semaines suivantes, Juliane et Stav, un couple d’allemand, devenu aujourd’hui de bons amis.
Bref, vous aussi vous avez été passionnés par tous les hôtels que nous avons visité à La Paz, bien, continuons.
Las lecciones de Espanol, siiiii !
« Et sinon pourquoi vous êtes restés dans une ville que vous n’aimiez pas ? »
Parce que comme nous sommes des gens studieux et sérieux (et après le constat qu’être en galère pour communiquer c’était pas joyeux), on s’est dit qu’au vu du coût de la vie en Bolivie, on pouvait largement s’offrir… des cours d’espagnol !
Pour ce faire, nous nous sommes rendus chez Pico Verde (cf. Lonely Planet, rue Sagarnaga), où nous avons pris 20h de cours à 39Bs/h (env. 4€, groupe de deux étudiants). Donc, à raison de 2h ou 2h ½ de cours par jour, Arou a appris l’espagnol et Flo a perfectionné le sien, auprès d’Adrianna, bolivienne, la vingtaine, ayant vécu quelques années à Bruxelles avec sa famille. Pendant ces deux semaines à la voir quotidiennement, pas un seul mot de français ne sera échangé mais on tentera de parler de tout et on apprendra beaucoup de choses sur la Bolivie.
A la fin de cet apprentissage, où nous avons été très scolaire, à prendre des notes et réaliser nos devoirs chaque soir au café du coin, Arou était capable de faire des phrases plus élaborées que « donde esta el bano ? » et Flo pouvait clairement expliquer le pourquoi du comment nous étions en train de voyager un an autour du monde. Malgré la pénibilité de se retrouver sur « les bancs de l’école » avec devoir et autres leçons à mémoriser, c’est un très bon retour d’expérience que nous pouvons faire de Pico Verde. Avec des horaires tout à fait flexibles et une qualité de service à l’occidentale, on s’est senti parfaitement encadré et bien guidé. Donc si, à tout hasard, vous êtes à La Paz plusieurs jours « Vais a tomar lecciones de espanol ! »
La Lucha Libre
A La Paz, un truc insolite à ne pas louper, chaque dimanche soir à El Alto (la ville qui surplombe La Paz)… La Lucha Libre ou plus communément connue sous le nom de catch ! On peut trouver des billets pour s’y rendre un peu partout dans le centre touristique de La Paz et l’activité qui pourrait paraitre être très touristique ne l’est pas tant que ça. Pour 80Bs (soit env. 8€), un bus passe vous chercher avec de jolies cholitas locales (des catcheuses, oui, vous avez bien compris) et on vous conduit à une demi-heure dans les hauteurs, dans un vieux gymnase un peu glauque mais qui témoigne d’un charme assez peu commun qu’on retrouve dans les villes les plus pauvres au monde. Ici, beaucoup de locaux auxquels on ne se mélangera pas puisqu’on réserve aux blancs les places dites VIP, séparées du reste de la foule (question ouverte : est-ce pour des questions de sécurité ?). On nous offre un snack (popcorn et soda) et commence alors, dans un froid d’hiver, un show de 2h30 de catch masculin mais aussi féminin (pour renforcer le loufoque et le grotesque de la chose). Les vingt premières minutes sont littéralement tordantes. Toutes nationalités confondues, les spectateurs se tordent de rire et l’ambiance bat son plein. De l’autre côté du ring, tous les locaux surexcités se révèlent être de vrais enfants devant un spectacle de Guignol. On rigole beaucoup mais à la fin de la première heure, on commence à fatiguer et à trouver le spectacle un tantinet long.
Mais ceci dit, l’expérience se doit d’être vécue si vous êtes sur La Paz un dimanche !
La route de la mort
A La Paz, une des activités touristiques phares c’est… la Route de la mort en VTT ! Tôt le matin on vous emmène à 4700m d’altitude pour commencer à dévaler à vélo El Camino de la Muerte, soit environ 65km de route très étroite et… très dangereuse qui, à l’époque, lorsqu’elle était encore ouverte aux véhicules à moteur (type voiture, camion) a fait un bon nombre de victimes (cf. Youtube et les bus/camions qui tombent dans le précipice) !
Cette activité très populaire, Flo l’a fait il y a deux ans, avec son ami Fabien. Ce coup-ci, Arou étant de la partie, a trouvé que le nom de la route portait trop bien son nom pour vraiment profiter de la balade à deux roues. Du coup… on a passé notre tour.
Feliz Navidad, c’est Nouuuuël et ça fait mal !
Pour nous, La Paz, ça a été notre point de chute pour fêter Noël. Comme dit précédemment, La Paz manque clairement de charme, malgré les nombreux sapins de Noël géants dispersés un peu partout. Noël n’a donc pas été si festif que ça. Un skype de mauvaise qualité avec nos familles, un dîner appétissant à base de viande argentine sans réelle saveur et… voilà.
En résumé, un petit coup de déprime conjugué à des maux de ventre chroniques depuis notre arrivée à la capitale, et nous avions un Noël pas comme les autres.
En parlant de maux de ventre… ce 26 décembre, plus exactement à 2h du matin, Arou, très sensible de la gorge ces deux derniers jours (en plus des nombreuses douleurs intestinales) se réveilla dans l’incapacité de déglutir sans douleur et quasiment aphone. Après un petit tour dans la salle de bain pour une visite de contrôle, on a remarqué de grosses taches blanches dans le fond du gosier. Pris de panique, nous avons appelé en urgence (via Skype) l’assurance pour un avis médical.
Rapide citation de l’échange entre Flo et madame la médecin de l’assurance pour un aperçu de la situation : « Ma compagne ne peut pas parler, ne peut pas avaler correctement et a des taches blanches dans le fond de la gorge — Oh la la, il faut qu’elle aille consulter un médecin le plus vite possible ».
Ce à quoi, on a vite pensé « Oh la la, c’est probablement la mort assurée vu ta réaction de professionnel du médical, bitch ! ». Mais sacreubleu ! On ne dit pas « Oh la la », à ses patients qui sont à La Paz en Bolivie et pour qui il est 2h du matin ! A savoir que La Paz en Bolivie et de nuit c’est pas Paris la ville lumière. Tout est fermé et à en croire le Lonely Planet, il ne faut pas sortir une fois la nuit tombée (légère exagération). Bref, il est 2h du matin, et nous avons attendu toute la nuit un mail de l’assurance avec des coordonnées de médecin… qui n’est jamais arrivé. A 8h, la tête embrumée, nous avons rappelé notre assurance (dont ne nous sommes bien évidemment pas du tout satisfaits, on prendra le temps de faire un topo très bientôt) qui a bien fini par nous donner les coordonnées d’un médecin… radiologue qui ne parle pas anglais qui plus est… On comprend rapidement qu’il peut nous brancher avec son collègue généraliste mais que ce dernier n’est pas dispo avant 18h. Arou, dans l’incapacité de tenir avec la phrase qui résonne en boucle : « Oh la la, il faut consulter en urgence ! » et au vu de son état, on décida de prendre la seule adresse médicale donnée par le Lonely Planet, quelque part dans La Paz et à quelques bolivianos en taxi. Vers 10h, nous arrivions dans une clinique de là-bas, où Madame de l’accueil nous fit comprendre que les consultations « c’est pas avant l’après-midi ». Voyant Arou au bout de sa vie, Flo, pour la première fois, fit le franco-français revendicateur et défenseur des droits de l’homme : « mais c’est partout pareil dans cette ville, on peut pas être malade le matin !? Il faut vraiment qu’on voit un médecin, vous ne la voyez pas là, en train de se décomposer, faites gaffe, elle va ruiner votre parquet ! ».
Comme quoi râler apporte parfois gain de cause puisqu’une demi-heure plus tard, Arou se prenait dans le derrière une ENORME piqûre d’antibiotiques. Si énorme et si douloureuse que la consultation s’est finie au haricot à vomito et au masque à oxygène. Mais victoire ! Repartis tous les deux avec un traitement d’une semaine aux antibiotiques à large spectre pour nous traiter contre les salmonelles et après une bonne sieste, Arou se sentait déjà drôlement mieux.
L’hôpital en Bolivie ne diffère pas grandement d’un hôpital occidental, si ce n’est qu’on paye en cash directement au médecin (8€ la consultation) et qu’on demande quand même avant l’injection si la seringue et son tube en verre préparés loin de notre regard sont bien stériles…
Bref, après l’Inde puis l’Asie du sud-est, où nous n’avons jamais eu besoin de consulter, notre état médical à La Paz témoigne de ce qu’attestent de nombreux touristes qui séjournent dans la capitale. Entre ceux qui échappent aux salmonelles, les autres s’en sortent souvent avec de simples maux de ventre qui durent sur plusieurs jours. La médecin de la clinique nous expliquera que c’est un mal très courant chez les gringos puisque notre système digestif n’est pas assez solide. Quant à Adriana, la prof d’espagnol, elle nous dira à quel point les fruits et légumes des hauts plateaux de Bolivie sont impropres à la consommation des occidentaux puisque de nombreuses eaux qui irriguent les champs sont polluées. Ah ! Ceci expliquait donc cela !
Dur à cuir
Dans le circuit touristique classique de La Paz, on retrouve donc la Lucha Libre, la Route de la mort et… les blousons en cuir et sur-mesure. Pour notre Noël 2013, on s’est fait plaisir ! Un petit pull en laine d’alpagua pour Flo, un collier en argent pour Arou… des bottines en cuir pour Arou et des chaussures de villes pour Flo ainsi que des vestes en cuir taillées sur mesure !
Au cours d’une petite visite de la ville, nous sommes tombés par hasard sur une boutique de cuir (Calle Tarija 229), un vrai paradis, où chaque blouson peut être commandé sur-mesure pour 1150Bs seulement (env. 120€, oui soyez pas vénères), soit bien moins cher qu’en France. Encore sur La Paz pour une semaine au moment de notre passage, nous avions assez de temps pour attendre les cinq jours requis pour la confection de vestes à nos tailles ! Cinq jours plus tard, et nous étions tous les deux très contents du résultat !
A ce moment de notre voyage, s’annonçaient encore sur notre route l’Argentine, l’Uruguay et le Brésil. A vrai dire, les 30°C de moyenne de ces pays nous ont vite décidés à renvoyer nos belles vestes ainsi que nos chaussures à la maison. Pour ce faire, nous avons choisi le coursier international et sécurité : DHL. Et si c’était à refaire… on referait peut-être autrement. Voici pourquoi : l’envoi express d’un colis de 4,5kg nous a coûté 198€ (oui, oui, un bras). Ce dernier est supposé être livré en 5 jours. Pour nous, ce sera en 15 jours (allez savoir). La mauvaise surprise a été reçue quelques semaines avant notre retour définitif en France, lorsque DHL nous a gentiment envoyé une facture de 170€ supplémentaires de taxes douanières et de TVA (ah bon ? Pour quoi faire ?). Effectivement, on n’était pas vraiment charmé par la réclamation pécuniaire d’un service qui se voulait rapide et sécurisé mais on a fini par comprendre que pour les colis comme le nôtre, d’une valeur élevée, il était possible qu’on nous réclame un certain montant. « Pas plus que la TVA », pensions-nous ! Bim, raté ! Bon alors, on aurait pu faire autrement comme par exemple l’envoyer par le service postal classique. Cependant, pour un colis d’une valeur d’environ 450US$, on avait clairement besoin de se rassurer et surtout de le sécuriser. L’idée de sous-estimer la valeur du colis pour payer moins de taxes nous a également traversé l’esprit. Toutefois, si quelque chose (de mal) arrive au paquet, nous n’aurions pas été assurés à juste valeur. Bref, compliqué tout ça !
Dans tous les cas et pour conclure sur ça… Si on ajoute le coût de l’envoi plus les coûts des diverses taxes et bien figurez-vous que ça vaut toujours le coup ! Youpi, nous restons malgré tout gagnants avec un look de dur à cuir qui plus est !
Pour rendre notre séjour à La Paz moins pénible, nous avons entrecoupé nos deux semaines par un petit séjour de 5 jours dans le bassin amazonien, plus exactement à Rurrenabaque et ses environs où nous avons été à la rencontre de la faune de la jungle. Un séjour qui réserve aussi son quota d’anecdotes insolites ! Promis, on vous raconte bientôt.
Arou & Flo
Décembre 2013 :
Loki Hostal, dortoir de 8-11lits : 50Bs/pers (env. 5,25€)
Arthy’s guesthouse, chambre double avec lits jumeaux : 85Bs/pers (env. 8,90€)
Naira hostal, chambre double : 50US$/nuit
Hotel Sagarnaga, chambre double : 150Bs/nuit (15,75€)
20h de cours avec Pico Verde : env. 82€ chacun
La Lucha Libre (transport + snack + souvenir) : 80Bs/pers (env. 8,40€)
Blouson en cuir sur-mesure : 1150Bs (env. 120€)
Consultation médicale : 80Bs (env. 8,40€)
Hehe une fois de plus vous m’avez bien faite marrer! Pour nous aussi ça va être retour sur les bancs de l’école dans quelques semaines… On va arriver à Quito et commencer direct par… attention… 2 mois de cours! Mais j’avoue qu’on a surtout besoin de nous poser un moment!
Sinon pour les colis on vous comprend bien… nous on a fait faire nos habits pour notre mariage au Vietnam, donc ma belle robe meringue sur mesure est dans un cargo depuis 3 mois… On a tenté le coup de « diminuer » un peu la valeur, on devrait savoir d’ici un mois (date de livraison prévue) si ça vallait le coup de payer que 80€ pour 14kg…
Bises à vous deux, et merci de continuer à partager vos aventures!
80€ pour 14kg, moi je trouve ça drôlement bien négocié comme prix ! Espérons que ça arrive bien à destination. Ceci dit, nous, à part quelques cartes postales, tout est bien arrivé ! Alors, je ne me fais pas trop de souci pour vos beaux (et importants) souvenirs !
2 mois de cours ?! Vous allez repartir bilingues 😀 Je trouve que c’est super d’avoir le temps pour apprendre la langue et vous verrez, ça va vous changer la vie !
A très bientôt amis voyageurs !
Arou