Bolivie – Las Pampas

Chers internautes,

 

Entre nos deux semaines passées à La Paz, nous avons eu la possibilité de faire un petit break pour aller s’égarer dans le bassin amazonien. Avec nos cours d’espagnol aux conditions assez flexibles, nous avons pu prendre 5 jours de pause dans notre cursus studieux pour nous rendre à Rurrenabaque (essayez de prononcer ce nom avec les « R » roulés et le plus vite possible, c’est funky), située à 205m d’altitude, soit une chute vertigineuse depuis La Paz d’environ 3600m.

A 238km au nord-est de La Paz, nous avions deux possibilités pour nous rendre dans cette ville du département du Beni, le bus, soit 25h de trajet sur une route de la mort très difficilement praticable en cette saison des pluies, soit l’avion ou 40 minutes de vol dans un Bombardier sujet aux exigences climatiques difficiles de cette période (décembre 2013). Entre la chute dans un précipice ou le crash dans la forêt amazonienne, il ne nous restait plus qu’à choisir le plus pratique et surtout… le moins fatiguant. Ce n’est donc pas avec grande joie, que nous décidâmes de prendre l’avion vers Rurrenabaque.

Dans la rue Sagarnaga à La Paz, nous sommes donc passés par une des nombreuses agences de tourisme pour prendre un vol A/R (compagnie : Amazonas, 1300Bs/pers, soit env. 130€) ainsi qu’un tour « Las Pampas » (600Bs/pers, env. 60€, guide + logement + repas), une excursion très populaire qui nous a amené à la découverte de la faune de la jungle amazonienne pendant deux nuits et trois jours. Dans ce coin-ci de la Bolivie, on vous propose deux types de tour, le « Las Pampas tour » ou le « Jungle tour ». En cette période où les pluies sont très fortes, peu d’agences mènent les touristes dans la jungle, estimant que le trop plein d’humidité ôte tout intérêt à la chose. Cependant, nous avons rencontré quelques routards revenus de la jungle avec des centaines et des centaines de piqûres de moustiques, très heureux de l’expérience de trois jours passés dans la jungle.

Bref, nous sommes passés par une agence mais si c’était à refaire, nous aurions tout fait nous-même, car c’est facile, moins cher et donne une certaine liberté d’actions (on aurait gagné environ une quinzaine d’euros chacun).

Donc, nous avons pris l’avion et blablabla, on ne vous refait pas le coup « Arou a peur de tout engin qui vole ». Ceci dit, arrivés à l’aéroport de Rurrenabaque, on aurait jamais pu rêver plus dépaysant et plus… amazonien. Des étendues d’arbres tropicaux à perte de vue, une piste d’atterrissage mi bitume, mi terrain battu, un petit aéroport en « carton », des ventilateurs à pales au plafond, une chaleur écrasante (30°C, 96% d’humidité)… ça sentait carrément la jungle ! On ôte les polaires, on retrousse les pantalons et on recommence à suer comme ça faisait longtemps que nous n’avions pas sué.

"Mon aéroport est en carton, pirouette, cacahouète !"

« Mon aéroport est en carton, pirouette, cacahouète ! »

Bienvenue dans le bassin amazonien !

Bienvenue dans le bassin amazonien !

Dix bolivianos plus tard, un mini-bus nous déposait à Ambaido Backpacker/Tuki Hostel où pour 60Bs chacun, nous avons eu un dortoir de 6 lits pour nous tous seuls. A Rurrenabaque, tout est humide, il ne faut donc pas s’attendre à être hyper à l’aise avant la tombée de la nuit où là, les moustiques prennent le relais de la chaleur et de la sensation d’inconfort d’être trempé en permanence. Oui, pour les parisiens habitués au climat tempéré que nous sommes, c’est assez difficile. Cependant, dans notre auberge, tout est propre et la piscine mise à disposition au centre de l’hôtel soulage très rapidement du climat inhabituel. De plus, nous avons l’heureuse surprise de découvrir à la réception un magnifique… toucan, si beau qu’on s’est aussitôt demandé si c’était un vrai ! A vous de juger…

Hello Toucan ! Hello Rurrenabaque !

Hello Toucan ! Hello Rurrenabaque !

JOUR 1 – Direction Santa Rosa en Jeep

Au premier jour, sur les coups de neuf heures, on embarquait dans une jeep, accompagné de quatre jeunes israéliens et d’un couple de bolivien d’une cinquantaine d’années. Tout ce beau monde allait constituer notre groupe des trois prochains jours avec en prime un super guide hilarant qui nous promit un séjour « all inclusive » avec wifi et… salmonelles. Vous vous doutez bien que dans le bassin amazonien profond, le wifi, on pouvait se le foutre là où vous pensez et que l’intoxication à la salmonelle était l’activité la plus probable des festivités. Le ton était donc donné et c’est en trois heures, sur une route très « bumpy » à s’en tordre le ventre, qu’en direction de Santa Rosa, nous avons fait la connaissance des camarades israéliens. Etudes, service militaire obligatoire, coût de la vie, musiques, films, tous les sujets y passent et on réalise que beaucoup de choses nous rapprochent. Cette longue conversation avec eux nous éclaire sur le pourquoi du comment tant d’israéliens voyagent en Bolivie.

En route pour 3h de jeep vers Santa Rosa

En route pour 3h de jeep vers Santa Rosa

Et figurez-vous que ce n’est pas peu dire puisqu’au Pérou et en Bolivie, les touristes israéliens y sont tellement nombreux que beaucoup d’indications, en plus d’être écrites en espagnol et en anglais, sont aussi en hébreu ! Cependant, il faut préciser que le touriste israélien, enfin plutôt le groupe de jeunes touristes israéliens, n’est pas franchement apprécié et, on avoue, on l’a souvent redouté. Un brin agitateur et à l’alcool facile, les israéliens qui font la fête font souvent peur car savent très bien se faire remarquer (à comprendre « foutent le bordel »). Et au vu des tarifs « spéciaux israéliens » plus élevés, on comprend très bien qu’un certain nombre d’agents touristiques refusent ou dissuadent la présence israélienne. Mais bref, même si nos camarades israéliens n’ont pas toujours fait preuve d’une grande courtoisie à notre égard, cette longue discussion nous a permis d’atténuer certains préjugés tout en nous questionnant sur d’autres aspects assez attristant, tel que leurs côtés paranoïaque et… incroyablement raciste, témoignant malheureusement de leur grande souffrance des dernières décennies.

Arrivés à l’entrée du parc naturel Pampas del Yacuna, on s’acquitte des frais d’entrée non inclus dans le prix de l’excursion (150Bs/pers, env. 15€). Au bord de la rivière du Beni sur laquelle nous nous apprêtons à naviguer, nous rencontrons les touristes qui reviennent des trois jours d’aventure, qui sans même un bonjour nous avertissent « faites gaffe aux putains de moustiques ! ». Moustiques, dont nous serons déjà les victimes en l’espace d’à peine 10 minutes. Manches longues et pantalons, nous nous recouvrons à la hâte les quelques parties découvertes de nos corps avec de la lotion anti-moustique achetée dans une pharmacie de banlieue parisienne, soit du pipi de chat pour les suceurs de sang de la forêt amazonienne…

Notre préparation de guerrier-combattant finie, nous avons embarqué sur une pirogue pour deux heures de navigation dans le bassin amazonien. Aux allures de mangrove, nous sommes cependant bel et bien sur une rivière qui, à cette période de l’année, où les pluies sont très fortes, est au plus haut de son niveau, soit 5 à 6 mètres au-dessus de la normale. Nous naviguons donc entre les cimes des arbres et sur l’eau marron foncé, nourrie de feuilles mortes et de détritus naturels en tout genre.

Deux heures de pirogue sur la Rivière du Beni

Deux heures de pirogue sur la Rivière du Beni

La rivière, 5 à 6 mètres plus haute que la normale

La rivière, 5 à 6 mètres plus haute que la normale

Aux premières loges pour admirer le spectacle sous la fine pluie et sous nos ponchos qui nous servent aussi de rempart contre ces put*** de moustiques qui s’introduisent partout, nous apercevons nos premiers animaux amazoniens : cormorans, alligators, crocodiles, singes, tortues et … dauphins roses ! L’expérience est vraiment agréable et le temps un peu pourri ne gâche rien au spectacle.

La faune du bassin amazonien, un petit singe nous salut

La faune du bassin amazonien, un petit singe nous salut

L’après-midi bien avancée, nous arrivons au camp, une infrastructure de plusieurs cabanes construites sur pilotis. Eau de pluie, eau de rivière, il y a de l’eau partout ! L’humidité rend tout moite et recouvre de ci de là les choses de moisissures. Au centre de cette construction, un immense arbre et un terrain de volley presque inondé. Un alligator est posé là, il est immobile et nous observe. Le confort de notre dortoir est spartiate mais bien suffisant pour le lieu qui nous offre de l’électricité de 19h à 22h et surtout… des moustiquaires ! En-dessous de la cuisine, Pépé se tient là, un caïman de plusieurs mètres de long qui surveille le moindre faux mouvement de notre part. Le guide fait le show et lui tend un bout de poulet à l’extrémité d’un bâton. Oui, quasi aucune règle de sécurité, oui, c’est flippant !

Notre camp pour les 2 nuits dans la jungle

Notre camp pour les 2 nuits dans la jungle

Un camp aux cabanes en bois sur pilotis

Un camp aux cabanes en bois sur pilotis

Pépé, le gardien du camp

Pépé, le gardien du camp

Le dortoir qui accueille les voyageurs de passage

Le dortoir qui accueille les voyageurs de passage

Plus tard, depuis le balcon qui sert aussi de mirador, on assiste à une scène irréaliste : pendant que Pépé guette, immobile, à notre gauche, deux dauphins roses passent sur notre droite…

Après le dîner, la nuit tombée, nous partons en pirogue à la recherche des alligators grâce à nos lampes frontales. Pendant 1h30, nous sillonnons la rivière à la recherche des « yeux jaunes des crocodiles » (bien placé ou pas ? cf. Catherine Pancol). L’activité est un peu effrayante et Arou n’aime pas trop l’expérience, même si la présence des lucioles qui illuminent la cime des arbres est réconfortante.

 

JOUR 2 – A la recherche des anacondas, dauphins et piranhas

Le deuxième jour, après avoir échappé tant bien que mal à l’armée de moustiques tueurs du camp, nous avons emprunté des bottes en caoutchouc pour aller dénicher les anacondas dans d’immenses champs d’on-ne-sait-quoi. Saison des pluies oblige, le champ est rempli d’eau. Pour Arou, avec ses bottes trouées, c’était comme marcher pieds nus dans la gadoue. Pas franchement agréable, surtout quand c’est une gadoue amazonienne. Pas la bonne saison, on ne verra pas grand-chose et on repartira avec les orteils tous fripés.

En route vers le champ aux anacondas

En route vers le champ aux anacondas

En pleine jungle, un champ aux anacondas

En pleine jungle, un champ aux anacondas

Recherche d'anacondas vaine

Recherche d’anacondas vaine

Après une rapide sieste, nous partons… à la recherche des dauphins roses. C’est extraordinaire ! A deux endroits différents bien connus de notre guide, nous rencontrons deux familles différentes de dauphins roses ! Un peu de bouquant et les voilà qui débarquent, farouches, timides mais curieux, en nous tournant tout autour. Le guide nous invite à sauter à l’eau et franchement savoir que c’est la même eau dans laquelle caïmans, crocodiles et piranhas viennent, ne nous encourage pas vraiment à aller faire trempette. Il nous rassure en nous expliquant que la présence de dauphins fait fuir tout animal potentiellement dangereux. Arou, pourtant si peureuse, plonge aussitôt et passe près d’une demi-heure dans ces eaux profondes (merci à l’entrainement en haute altitude) à intriguer ces mammifères marins.

L'heure de la sieste

L’heure de la sieste

Nager avec les dauphins dans l'eau aux crocodiles... euphorisant !

Nager avec les dauphins dans l’eau aux crocodiles… euphorisant !

Où est le dauphin rose ?

Où est le dauphin rose ?

Sur notre route pour aller à la pêche aux piranhas, nous découvrons de nouveaux animaux : cigogne, paresseux, gros singes.

Dans un recoin de la rivière, nous stationnons notre pirogue et à l’aide de canne à pêche artisanale et de quelques petits morceaux de viande accrochés au bout d’hameçons, nous tentons d’appâter le piranha. Après une petite heure, nous faisons le bilan de notre butin aussitôt relâché, un piranha, un saumon et un poisson chat. Le guide nous explique qu’en saison des pluies, les feuilles des arbres qui pourrissent dans l’eau libèrent une toxine qui fait fuir les piranhas. Tant pis ! On aura au moins eu la chance d’en attraper un.

A la pêche au piranhas

A la pêche au piranhas

Pequino Piranha

Pequino Piranha

Péquino mais costaud !

Péquino mais costaud !

Poisson chat

Poisson chat

Sur notre retour vers le camp, nous assistons à un coucher de soleil époustouflant. Nous passons aussitôt du bassin amazonien à la savane africaine, des centaines et des centaines d’oiseaux, cormorans, cigognes, etc. s’envolent à notre passage. La scène est majestueuse, la lumière sublime absolument tout et d’un coup, les piqûres de moustique nous semblent tout de suite moins désagréables.

Un coucher de soleil merveilleux

Un coucher de soleil merveilleux

Un air de savane au coucher du soleil....

Un air de savane au coucher du soleil….

Flo admire le spectacle en cette jolie fin de journée

Flo admire le spectacle en cette jolie fin de journée

Naviguer sur une rivière amazonienne, du pur insolite !

Naviguer sur une rivière amazonienne, du pur insolite !

Nous faisons une pause près des champs d’on-ne-sait-quoi, voyageurs et guides font une partie de foot, tandis que nous prenons un apéro de « bière, Pringles ». La nuit tombe peu à peu et Arou s’amuse à attraper les lucioles.

 

JOUR 3 – Retour au bercail

Après une nuit difficile pimentée par les nombreuses démangeaisons des piqûres de moustiques (oui, malgré les précautions…), nous sommes partis après le petit-déjeuner à la recherche de nouveaux animaux à observer. Après une recherche minutieuse, la bonne connaissance de la faune et des lieux de notre guide, nous menèrent vers des petits singes très curieux qui n’ont pas hésité à venir à notre rencontre. Une banane en guise d’offrande et nous avons été immédiatement pris en otage jusqu’à ce qu’un magnifique singe capuccino arrive en semant la zizanie parmi les mâles dominants de l’autre tribu. Le show touristique était méga-cliché, mais ceci dit, cela ne nous a pas empêché de vraiment apprécier le spectacle.

Des singes loin d'être farouches

Des singes loin d’être farouches

Un singe capuccino

Un singe capuccino

Sur notre chemin du retour, nous prenons des chemins de traverses à travers la cime des arbres de la rivière. Ce qui nous avait pris trois heures à l’aller, nous a pris seulement une heure vingt, et après tout ce trajet, nous étions prêts à saluer nos successeurs de touristes, les prévenir de la menace moustique et de reprendre la jeep vers Rurrenabaque. Trois heures de jeep interminables à apercevoir des capibaras, des autruches et des buffles et c’est le corps fatigué, moite, et irrité par les piqûres de moustiques que nous sommes rentrés à l’auberge.

La team de ces trois jours dans la jungle

La team de ces trois jours dans la jungle

Après l'effort, les piqûres de moustiques, la sueur tropicale... le réconfort !

Après l’effort, les piqûres de moustiques, la sueur tropicale… le réconfort !

 

Au lendemain

Nos cours d’espagnol nous attendant à La Paz, il nous fallait quitter le bassin amazonien de bon matin. Après un réveil à 5 heures du matin, puis une présentation à l’agence Amazonas de Rurrenabaque, on nous annonçait que notre vol était annulé à cause des conditions climatiques au-dessus de la capitale. (C’est donc peu vous dire à quel point Arou n’était pas sereine).

Six heures de retard...

Six heures de retard…

Mais malgré tout, après six heures de retard, nous avons enfin pu décoller vers La Paz, pour reprendre calmement le chemin de l’école pour encore une semaine

Arou & Flo, toujours en vie malgré les coucous retardés par les conditions climatiques.

 

Bonnes adresses à Rurrenabaque :

Restaurante « Juliano », spécialités françaises et italiennes. Le chef tunisien installé depuis plusieurs années cuisine de la viande argentine EXCEPTIONNELLE pour un prix imbattable (5€/plat).

« Paris » French Backery, boulangerie française tenue par un français arrivé à Rurrenabaque en 1982, à l’époque où seuls les avions militaires s’aventuraient dans la région. (Entre 0,45€ et 6€).

 

 

Décembre 2013 :
Vol A/R La Paz-Rurrenabaque (compagnie Amazonas) : 1300Bs/pers (env. 130€)
Tour Las Pampas (agence Chacaltaya Tours, rue Sagarnaga) : 600Bs/pers (env. 60€)
Ambaido Backpacker/Tuki Hostel (dortoir de 6 lits) : 60Bs/pers (env. 6€)
Frais d’entrée dans le parc Pampas del Yacuna : 150Bs/pers (env. 15€)

 

 

One Response to “Bolivie – Las Pampas

  • Super récit!!! Arou je te tire mon chapeau, pq le coup de la baignade perso je n’aurai pas osé je crois (en fait non, j’en suis sure!) 😉
    On vient de poser le pied sur le sol sud américain, je vais aller jeter un oeil sur vos anciens articles pour le coup!
    Becs de Santiago!

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