Breaking News – Bad Blues Traveler (part II)

Mes cher(e)s ami(e)s,

 

(Pour celles et ceux qui suivent le cours de ce blog, je me permets d’interrompre notre fil qui se joue toujours au Vietnam pour vous confier notre état d’esprit du moment. Pour resituer les faits, l’Asie du sud-est est déjà bien derrière nous, et après avoir passé 3 mois inoubliables en Australie, nous venons tout juste de rejoindre l’Amérique latine pour nos quatre derniers mois de voyage. Effectivement, bien que nous ayons accumulé un certain retard dans nos récits, rien ne s’arrête, tout se poursuit mais avec le temps qui nous est nécessaire pour raconter toute notre histoire. Cet article ci-dessous ne sera donc qu’une pause.)

Il est, à l’heure où je vous écris, une heure un peu matinale. Extirpé de son sommeil par quelques colocataires de dortoir un chouilla trop alcoolisés, rentrés d’une soirée bien tardive, Flo me réveille malgré lui, moi ayant pourtant un sommeil aussi lourd que le roc. La raison de son insomnie à 4h du matin : le vacarme de nuit… Enfin surtout… notre traumatisme du jour qui le torture depuis plus d’une heure.

En effet, notre journée nous aura donné matière à réfléchir et voilà que naît au fil de notre discussion nocturne, cet article qui aura peut-être pour moi une fonction thérapeutique, je l’espère.

Oui, car à l’instant où je me confie à vous, internautes et amis, qui nous suivez, nous soutenez et parfois peut-être même nous jalousez, nous n’allons pas vraiment bien.

Aujourd’hui, après à peine 48h passés sur le sol sud américain, au départ de Santiago du Chili pour 2 heures de bus vers Valparaiso, un pickpocket nous a dérobé le sac à dos de Flo contenant tous nos souvenirs de l’Australie et plus encore… En l’espace d’un quart de seconde d’inattention, nous avons perdu notre disque dur contenant tous nos souvenirs de ces 8 derniers mois de voyage, la Gopro qui nous servait à filmer tout ce que nous montions puis partagions sur ce blog et… L’ordinateur portable qui nous servait à à peu prêt… Tout.

Bref, 2000€ qui ne seront probablement jamais remboursés pas l’assurance qui préfère, elle, les grands drames à base d’agression physique et de vol avec effraction pour s’autoriser à ne rembourser la perte d’objets de valeur qu’à hauteur de 300€… Oui, on a les boules, on a les glandes, on a les crottes de nez qui pendent.

Mais après les comptes établis, l’important n’est pas ça. Certes, nous n’avons pas beaucoup d’argent. Nous finançons ce voyage grâce à nos fonds propres et bien que tout ce que nous avons perdu (vol de Santiago et vol de Sihanoukville) représente bien plus que les 10% du budget supplémentaire qu’il faut prévoir pour « les imprévus », comme on dit dans certains milieux… « on se refera ».

Après un premier tri des idées noires qui nous sont venues très naturellement… Exit la question de l’argent. Que nous reste-t-il ?

Outre les sentiments d’agression, de violation, de réactivation de traumatisme de la scène vécue au Cambodge mais en 1000x pire… Ce qui nous affecte le plus est l’impuissance que nous ressentons à chaque fois que nous revivons la scène, ainsi que la perte de toutes les photos et surtout les vidéos de moments insolites vécus en Australie.

Mais oui, comme beaucoup nous ont dit et comme nous nous tuons à nous le répéter pour nous consoler, personne ne pourra voler ce qu’il y a dans nos têtes. Ok… Et nous voilà à rentrer dans une boucle infernale où nos sentiments fluctuent entre le « je m’en fous, on est plus fort que tout » et le « put*** de sa race mais pourquoi on est là, allez on lâche tout et on rentre à la maison ».

Il y a quelques temps je vous parlais du blues du voyageur et je réalise aujourd’hui qu’après 8 mois passés à travers le monde, cet article était tout compte fait fort incomplet. Effectivement, nous en apprenons toujours plus sur notre capacité à souffrir au jour le jour et même à l’autre bout de la planète et surtout à l’autre bout de la planète.

Nous postons quotidiennement sur les réseaux sociaux des photos à faire rêver et des souvenirs à faire rager mais là est la seule réussite que nous pouvons partager. Comme sur la place du village où il est aisé de briller quand on choisit de bien se montrer en société, voilà les seules choses dont tout le monde se souviendra de notre tour du monde : de la photo paradisiaque et du bonheur euphorique 24/24h.

Mais… Détrompez-vous. En plus d’autres événements qui n’ont pas leur place dans ce récit, les vols que nous avons subi deux fois en cinq mois finissent par nous achever à coups de petite cuillère, dans une lenteur et une souffrance inconfortable.
Tout ça pour dire que, là où beaucoup se trompent, faire un tour du monde, non ce n’est pas facile, d’ailleurs presque tout est difficile, de son organisation à sa réalisation. La situation que nous vivons aujourd’hui doit donc servir de leçon à tout le monde, aux envieux qui jalousent en nous croyant chanceux et insouciants ainsi que nous-même qui pensions que les situations extrêmes ne comportaient que peu de risques.

Alors ce que tout le monde devrait fredonner dans les moments de rêve solitaire serait quelque chose du genre :
« Je t’emmène faire le tour du monde bébé mais prépare toi à en chier, yeah, yeah, yeah ! »

Bref, la question à cette heure est de ne pas pas rentrer dans cette boucle de la malchance superstitieuse dans laquelle nous nous sommes enfermés après le vol du sac d’Arou au Cambodge. Il est donc important d’accepter le fait que le hasard s’est tout simplement une fois de plus abattu sur nous. Dans la vie, il y a donc les gens qui gagnent deux fois au loto et les pauvres minables matérialistes que nous sommes qui se font voler plusieurs fois, et ce, non pas par manque de vigilance, mais par l’expérience de différentes techniques de vol (ici en l’occurrence, distraction par un tiers tandis qu’un camarade vient subtiliser le bien). Ceux qui ont de l’humour, comme moi je crois, diront que nous vivons encore des expériences locales. Bon… Question malchance, arrêtons un peu…

J’enchaîne… Et je positive tout en pensant aux enfants d’Afrique crevant la dalle.

Perdre 3 mois de vidéos permettront à Flo de ne plus se préoccuper de son retard concernant ses montages vidéos. Celui-ci trouvera cependant le moyen de vous énumérer les plus belles expériences et beaux paysages que nous ayons vécues et vus et dont le souvenir en vidéo n’existe plus : le travail à la ferme de bananes, nos rencontres et nos soirées d’Atherton et de Cairns, puis notre road trip sur la côte Est et notamment les Whitsundays; Fraser Island… les tortues de mers, les wallabies, les koalas, le snorkeling, la plongée sous-marine, le saut en parachute… Oui, un gros bout de nous s’est aussi envolé, notre envie de nous remémorer, notre plaisir de partager, le contenu de notre blog-bébé.

Stop ! Positivons sacrebleu !

Aussitôt installés et une fois un peu calmés après nos deux heures de bus où, au passage, nous étions merveilleusement bien installés et où j’ai pu dormir pendant 1h en ne pensant à strictement rien (ce qui m’a sacrément fait du bien), je me suis précipitée sur Facebook pour partager la nouvelle. Ne me demandez pas pourquoi, je suis comme ça, c’est tout.

Et… Là… réside toute la force qu’il me manquait. Subir une telle agression loin de chez soi est inimaginable lorsqu’on est seul. A deux, la situation s’améliore, il suffit de s’aimer encore plus fort et de se porter encore plus loin. Mais aussi… recevoir un nombre presque incalculable de messages de soutien multiplie par mille l’espoir qui nous fait tenir l’aventure.

Après ce genre d’expérience qui nous affaiblit, se sortir de notre hôtel où nous avons trouvé refuge et nous faire lever la tête vers les choses à voir nous demande une force qui s’éloigne, dans ce genre de moment, bien loin.

Mais grâce à VOUS TOUS, au lendemain, même si nous ne nous sommes pas levés avec le sourire aux lèvres et sur une ambiance « pompedeup » en arrière plan, on a commencé à relativiser et malgré le fait que tout est aujourd’hui perdu, nous réalisons que nous sommes encore bien là, sains et saufs, avec tout un tas de ressources pour continuer à avancer.

Alors à la question « Que nous reste-t-il ? », une fois éloignés de cette société consumériste qui nous attache à des objets comme on s’attacherait à des personnes et qui nous met dans des états de tristesse profonde presque ridicule, la réponse est simple : notre tête, notre rêve, notre amour et… vous ! Nos proches, nos familles, nos amis ou même les inconnus qui au détour d’une recherche hasardeuse sur Google ou sur voyageforum.com, suivent le cours de nos aventures. Bref, en fait, à part me plaindre de notre triste sort, tout ce que j’avais à dire d’important était : MERCI A VOUS, les gens qui, de près ou de loin, nous ont supporté, nous supportent et continueront à nous supporter et ce dans tous les sens du terme. Ecoeurée par l’injustice et oppressée par le sentiment d’insécurité, je me raccroche à ma playlist des Princesses Disney qui chantent à tue tête qu’elles iront au bout de leur rêve. Et là, c’est avec la larme à l’œil que devant tant de soutiens, je m’arrête ici en promettant que l’aventure va continuer…

A bons entendeurs, merci d’être là pour nous.

 

Je vous embrasse, Arou.

 

Et pour laisser à tout le monde un sourire aux lèvres après la lecture de cet article, nous vous laissons avec Cyprien qui vous expliquera bien mieux que nous ce que nous avons exactement ressenti après ce Nième vol…

 

 

 

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