Bolivie – De Tupiza à Uyuni, Aux portes du Paradis (Partie 2/2)
Chers internautes,
On rembobine et plus de cinq mois plus tard (bah oui, la réadaptation « à la vie normale » ça prend du temps), nous revenons sur l’une des plus belles expériences du séjour en Bolivie, celle qui nous a conduit à travers le Sud Lipez jusqu’au plus grand désert de sel : El Salar de Uyuni.
Après une brève introduction expliquant le choix de nous rendre à Tupiza plutôt qu’à Uyuni et les deux ou trois détails techniques concernant l’excursion dans le désert de sel, nous y voilà, prêts à résumer nos quatre jours d’aventure, toujours accompagnés de Stav et Juliane, nos copains allemands rencontrés à La Paz.
JOUR 1 – 500km, 11h de jeep, des plaines et des montagnes
Quatre touristes européens, un chauffeur et une cuisinière (alias Mama comida) et nous étions parés pour une première journée looooongue, magnifique mais looonnngue !!! Au programme : des plaines désertiques à perte de vue saupoudrées de montagnes géantes de ci delà.
Sur notre chemin et sur un fond de Michael Jackson (qui au passage, sert à la communication internationale), nous rencontrons lamas et autruches tout en fuyant l’orage qui vient au loin et qui menace de nous barrer la route.
Et parce que des photos sont souvent bien plus expressives qu’un écrit un peu redondant. Je vous invite à admirer ce qui commençait tout juste à nous époustoufler.
Au soleil tout de doucement tombant, nous faisions une première halte, on ne sait plus trop où, dans une auberge basique où nous avons profité d’un dortoir de quatre lits dans le plus grand calme. Nous étions les seuls touristes ! Nous avons partagé notre premier dîner avec la Mama Comida tout en tentant de comprendre son espagnol pas très articulé. Flo s’avéra être un très bon professeur et traducteur.
JOUR 2 – 7h de jeep et Flamants roses
Crescendo, les paysages traversés durant cette journée se sont révélés tout aussi, voire bien plus, beaux que ceux de la veille. Ce deuxième jour bien plus court en terme de kilomètres parcourus, s’est avéré très agréable et très enrichissant. Entre le Salar de Chalbiri (désert riche en aluminium), le Desierto de Dali (parcours du Rallye Dakar 2014 quatre jours plus tard, où nous avons pu marquer notre territoire en faisant pipi derrière notre jeep), le Laguna Verde (plein d’arsenic où aucun flamants roses ne s’aventurent), le Laguna Blanca, la vue sur le volcan Licancabur, ou la baignade dans les eaux termanles à 36°C et les geysers à l’odeur de souffre, nous avions une journée très remplie de choses très différentes et magnifiques.
JOUR 3 – La route alternative
Au jour 3, Hilarion, notre guide et chauffeur nous proposa une route alternative : celle qui consomme le moins d’essence pour les vieilles langues de vipère ou celle qui nous change des nombreux lagons déjà plus vus et revus de la veille (oui, c’est triste à dire, mais en cons de touristes, on se lasse vite). Après réflexion au sommet franco-allemand, et parce que notre fou d’Hilarion semblait sûr de sa proposition, nous avons opté pour la route alternative par laquelle nous allions pouvoir admirer des formations rocheuses millénaires, des lagons et des canyons vertigineux avant de finir par le cimetière de trains qui orne l’entrée de la ville d’Uyuni. Ainsi, nous avons découverts les roches Copa del Mundo, le dromadaire, la Valle de las Rochas, la Laguna Negra -que nous avons SURKIFFE- et le Canyon Anaconda). Oui, en cette période pluvieuse, le salar est si rempli d’eau que y dormir à l’entrée se révèla difficile.
La dernière nuit avant notre entrée dans le salar ne se fait pas sans stress. Nous sommes en retard et tous les logements d’Uyuni dans lesquels nous n’avions pas prévu de dormir sont complets. Nous découvrons donc avec une certaine aberration, la ville d’Uyuni, une des villes les plus touristiques de Bolivie où l’état des rues est digne des parcours du combattant les plus exigeants. Rues condamnées par les inondations et endommagées par le non-entretiens du sol en terre battue, le constat est triste et difficilement compréhensible tandis qu’un satellite à plusieurs millions de dollars vient d’être lancé dans l’espace.
Bref, nous arrivons dans un dernier hôtel qui peut nous accueillir… le pire du pire de ces 350 et quelques jours de voyage autour de la planète. Une chambre double correcte mais aux parties communes honteusement dégueulasses où la pauvre Juliane restera les cheveux shampouinés sous la douche pendant plus de 30 minutes après une coupure d’eau. Quant à nous, nous finirons à nous doucher dans une pièce où nous recevons des coups de jus en essayant de régler la température et où le nettoyage n’a pas dû être fait depuis une éternité. Ouais, c’était dégueulasse à gerber. Pendant ce temps là, Stav se retrouvait à gérer le drame de la soirée : au vu du Rallye Dakar 2014 qui arrivait à Uyuni trois jours plus tard, nos amis allemands n’avaient aucun moyen de se rendre à San Pedro de Atacama au Chili, comme prévu tranquillement en bus depuis Uyuni. Pour des gens comme nous, un peu freestyle et sans obligation, ceci n’aurait pas été un grand dilemme. Cependant, pour Stav et Juliane, l’urgence était toute autre puisque quelques jours à peine plus tard, ils devaient s’envoler pour l’Ile de Pâques et donc se rendre à Santiago au plus vite (sachant que vous avez environ 10h de bus entre Uyuni et San Pedro puis 25h de bus entre Santiago et San Pedro de Atacama). Oui, en Amérique du sud, à moins d’être Cresus, vous ne prenez pas l’avion d’un pays à l’autre puisque ça coûte une blinde (ex. environ 500€ pour faire Uyuni-San Pedro, avec 2 escales).
Et voilà, le stress était à son comble, et nous vivions par procuration tout cet événement éprouvant avec eux. Seule option un peu floue au moment du coucher, payer un chauffeur privé pour les conduire jusqu’à la frontière depuis laquelle un taxi pouvait les amener à San Pedro…
Jour 4 – Les Portes du Paradis qui s’ouvrent en saison des pluies
Départ de l’hôtel à 6:00 du matin pour admirer le lever du soleil sur le Salar rempli d’eau. Hilarion est pessimiste (enfin plutôt soucieux de l’entretien de sa bécane) et nous avoue que si il y a trop d’eau dans le salar, il ne pourra pas entrer avec la jeep.
50 minutes plus tard, le Salar est effectivement rempli d’eau mais à la vue des autres véhicules qui s’y aventurent, nous ne renonçons en rien à assouvir nos désirs intrépides de paysages merveilleux et encourageons sérieusement Hilarion à se lancer sur ce lac de sel.
D’un blanc immaculé en saison sèche, le salar est rempli d’eau et nous circulons sur un miroir humide dont on ne considère pas l’entière beauté à cette heure si matinale et si sombre de la journée. Nous conduisons jusqu’à l’ancien hôtel de sel reconverti aujourd’hui en musée, croisons de nombreuses statues de sel en cours de finissions en l’honneur du passage du Rallye Dakar et au soleil montant…
Pouah, pouah, pouah ! Ca se passe de commentaires les gars.
Bref, une fois le souffle coupé, le vol des flamants roses nous rappelant à quel point le Paradis qu’on peut s’imaginer est magnifique, nous essayons quelques photos avec des perspectives vertigineuses, en galérant sérieux… le sol n’étant pas aussi blanc immaculé que sur nos modèles.
Les cinq dernières minutes approchant, Arou est prise d’une inspiration artistique déroutante… qui nous offrit LA photo de cette année de voyage… (Merci à Juliane pour sa réalisation).
Aller, c’est beau mais séchez vos larmes…
De retour un peu plus tôt à « l’auberge de l’horreur » que les autres groupes de touristes, nous devions régler le problème de Stav et Juliane. Au dernier moment, lorsque tous les espoirs étaient perdus, Hilarion, en désespoir de cause, se proposa de les conduire lui-même à la frontière, en nous laissant repartir vers Tupiza avec un chauffeur-ami de la même compagnie, complètement exténué.
En début d’après-midi, c’était donc avec le coeur très serré que nous avons enfin dit au revoir à Juliane et Stav avec qui nous étions depuis presque deux semaines à arpenter les routes de Bolivie et avec qui nous avons profondément sympathisé. Ils ont donc rejoint le Chili et nous repartions vers Tupiza accompagnés de deux suisses plutôt bien sympathiques et d’un chauffeur qui nous a fait de belles frayeurs. Mais bref, nos yeux, nos têtes, nos cœurs étaient sains et saufs rentrés à Tupiza et remplis d’expériences, de paysages et de rencontres magnifiques.
A Tupiza, nous avons commencé à goûter à nos premières pièces de viandes argentines et pris une journée pour nous détendre avant de… galoper dans les rocheuses. Mais ça… on vous racontera ça la prochaine fois !
La bise (depuis notre canapé banlieusard où nous nous amusons avec nostalgie à nous remémorer de très bons souvenirs de notre tour du monde).
Aou & Flo