Cambodge – Phnom Penh

Chers internautes,

 

Pour nous, l’épisode de Phnom Penh s’est joué en deux parties. Effectivement, pour visiter le Cambodge, nous n’avons pas emprunté l’itinéraire le plus logique et sommes plusieurs fois repassés par la capitale afin de nous rendre dans les différentes régions du pays.

C’est pour cela que notre itinéraire au Cambodge a donné à peu près ça :

Siem Reap (nord-ouest) – Battambang (nord-ouest) – Phnom Penh (centre) – Kratie (nord-est) – Phnom Penh (juste une escale de 2h) – Sihanoukville (sud) – Kep (sud-est) – Phnom Penh (centre)

 

Phnom Penh – Partie I

Pour seulement 7$ (env. 5,40€) et encore X heures de bus, nous avons effectué le trajet Battambang – Phnom Penh sans aucun problème. Un trajet en tuk tuk et nous arrivions à Blue Dog guesthouse, située à 20 minutes à pied du musée du crime génocidaire, centre historique et culturel phare de la ville. Petite auberge située dans le centre de Phnom Penh, Blue Dog guesthouse propose un restaurant et quelques chambres. Pour 10$ la chambre double sans fenêtre et à la propreté discutable, on a très vite compris que pour se loger à Phnom Penh dans un truc correct, il fallait mettre un peu plus la main à la poche.

Ce premier séjour dans cette capitale ne s’est pas révélé être le moment le plus festif de notre voyage et s’est résumé à la visite du musée du crime génocidaire (Tuol Sleng), surnommé à l’époque du régime Khmer Rouge, le S21 (security office number 21).

Il était une (vraie) fois, il n’y a pas si longtemps de cela, un surnommé Pol Pot, homme politique aux idéologies utopiques irréalistes, a fait de son peuple un peuple martyr au nom d’un idéal communiste qui aujourd’hui encore est très difficile à comprendre. Entre 1975 et 1979, ce dictateur a vidé les villes de leur population en envoyant hommes, femmes, vieillards, enfants, effectuer des travaux agricoles dans les campagnes afin de les reconnecter au travail de la terre, au partage du labeur et surtout de les asservir. Tous résistants au régime, tous intellectuels susceptibles de s’opposer à la dictature (et souvent il suffisait de porter de simples lunettes pour être considérés comme tel) ou tous autres individus dérangeant le système en place, étaient emprisonnés et torturés dans le but de leur faire avouer leur hostilité envers le pouvoir. Ce règne paranoïaque aura fait plusieurs milliers de victimes, tels que des familles, des adultes, des enfants, s’étant parfois opposés au régime mais s’étant aussi bien trop souvent trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment.

 

Portraits de prisonniers au S21 (tous âges, tous sexes)

Le S21 est une ancienne école de Phnom Penh qui a été reconvertie en « bureau de sécurité ». Il a enfermé des milliers d’opposants, a servi de maison de l’horreur et a été le tremplin vers les champs d’exécution de milliers de résistants. Ses occupants étaient interrogés et torturés pour leur faire avouer à tout prix leur action ou même leur moindre pensée ou sentiment anti-régime. Les survivants étaient envoyés vers les « killing fields » (champs d’exécution), situés en périphérie de la ville, où souvent, ils étaient achevés à coups de matraque, le prix d’une balle de pistolet coûtant souvent trop cher pour finir le travail.

 

Le barbelé installé sur ce bâtiment avait pour but d’empêcher les prisonniers de se suicider

La visite de ce site, reconverti en musée peu de temps après la fin du régime de Pol Pot, ne se fait pas sans mal. Les plus sensibles d’entre nous pourraient se retrouver dans des états d’âme très inconfortables. Cependant, la visite de cet endroit nous a semblé très importante et nous a éclairé sur bien des terribles conflits d’une époque encore très récente.

Le lieu est chargé d’horreurs et vous pourrez même encore voir des traces de sangs sur les sols et plafonds. Vous passerez de bâtiments en bâtiments, chacun ayant eu un rôle différent (bâtiment chargé des interrogatoires-tortures, bâtiments enfermant les prisonniers dans de minuscules cellules, etc.)

 

Quelques cellules du S21

 

Après une visite où le temps semble avoir été en suspens l’espace de trois petites heures, nous avons fini la découverte de ce lieu le cœur lourd et l’esprit plus éveillé et abattu que jamais. A la sortie du musée, plusieurs chauffeurs de tuk tuk nous ont proposé (et vous proposerons également) de nous amener vers les « killing fields », ces champs d’exécution où les prisonniers du S21 étaient conduits pour être abattus et jetés dans d’immense fausses communes. Cependant, après ces 3h de visite assez éprouvantes, nous n’avions pas envie d’enchaîner sur ces champs de la mort où vêtements et affaires des victimes jonchent encore le sol après plus de 30 ans.

Ce jour-là, nous avons appris à quel point le Cambodge avait récemment souffert. Et après le S21, nous ne marchions plus dans les rues de la même manière et regardions les locaux de plus de 35 ans avec grande empathie en nous disant que la souffrance due à la dictature devait être encore très présente dans les histoires de chacun.

S’est alors présenté à nos jeunes esprits la simple réflexion qu’on se pose encore au sujet de tous les grands conflits, de tous les massacres passés et actuels : « Comment est-ce possible ? ».

Aujourd’hui, si nous sommes bien convaincus d’une chose, c’est qu’il est fondamental de transmettre à nos jeunes l’histoire des horreurs que certains ont pu vivre pour ne pas reproduire les mêmes erreurs mais… pas seulement ! Il faut leur enseigner la curiosité, les pousser à découvrir l’ailleurs, leur faire comprendre qu’il n’y a pas eu que la première ou seconde guerre mondiale, qu’il n’y a pas eu que l’extermination des juifs, et que aujourd’hui encore beaucoup de terreurs sont tues pour permettre aux plus chanceux d’entre nous de pouvoir confortablement dormir la nuit. En dépit de chaque moment vécu dans notre propre pays, de chaque idée locale plantée dans le fond de nos crânes, de chaque enseignement reçu, il existe tout un autre monde bien plus large, aussi très riche d’enseignements, de savoirs et de réflexions.

Si un jour, nous arrivions tous à voyager, à tous s’intéresser sincèrement à la culture étrangère, à tous devenir de vrais sensibles à la peine humaine ; Si nous arrivions à regarder ailleurs et surtout plus loin, à nous décentrer des problèmes qui nous font tourner en rond, nous deviendrions peut-être une grande et nouvelle génération prête à enfin réfléchir, prête à arrêter d’avoir peur des différences, prête à enfin avoir confiance, et puis soyons audacieux… prête à vivre en paix, qui sait ? Si les choses pouvaient être si simples…

Oui, tout ce qu’on raconte est aussi niais que sincère. Et comme chanterait un célèbre fou et visionnaire :

« Imagine all the people living life in peace (…)

Imagine all the people sharing all the world…

You may say I’m a dreamer,

But I’m not the only one,

I hope some day you’ll join us,

And the world will live as one. »

[John Lennon]

 

Nous, personnellement, on préfère ce gars-là à Pol Pot.

 

Phnom Penh – Partie II

Séchons nos larmes et avançons. Après un séjour à Kratie, à Sihanoukville puis à Kep où nous avons pu mettre à l’épreuve notre résistance psychologique à la malchance, nous sommes revenus pour passer nos derniers jours au Cambodge à Phnom Penh, avant notre entrée au Vietnam.

Ce deuxième épisode, s’est joué du côté du « riverside » où nous avons découvert un Phnom Penh beaucoup plus animé et coloré. Notre guesthouse : Europe guesthouse, tenue par un franco-khmer, Seng, ayant débarqué dans son pays natal sans parler un mot de khmer. Pour 13$ la nuit, nous avions une chambre double où à défaut d’avoir une fenêtre, tout était très propre et agréable, malgré l’humidité ambiante. Après nous avoir présenté toute sa charmante petite famille, Seng n’a pas hésité à nous présenter tous les lieux du coin à visiter, de manière très détaillée. Et avec lui dans les parages, impossible de se perdre ou de s’ennuyer !

Au programme de nos derniers jours : le Palais Royal, les différents marchés, la vie de nuit, le riverside.

 

Chez Seng, à Europe Guesthouse

 

Le Palais Royal

Le Palais Royal, situé face à l’intersection de la rivière du Tonlé Sap et de la rivière du Mékong, est, pour ceux qui connaissent la Thaïlande, l’équivalent du Royal Palace de Bangkok, en un peu moins scintillant et un peu moins bien préservé. Le prix d’entrée est assez élevé (env. 6,50$, soit 5€) et la visite n’a pas suscité en nous un grand engouement. Cependant, le palais reste tout de même une visite touristique assez centrale de Phnom Penh.

Entrée principale du Palais Royal

Le Palais Royal sous un ciel menaçant

NB : attention aux horaires d’ouverture (il y a une pause déjeuner).

Pour celles et ceux qui sont à la recherche de temples bouddhistes, juste à côté du Palais Royal, vous pourrez visiter l’équivalent de Notre Dame de Paris. Un peu gavés par les temples, on l’avoue, on a fait l’impasse.

 

Le marché de nuit

Se tenant les vendredis, les samedis et les dimanches soirs, le marché de nuit a été une très agréable surprise, notamment concernant la nourriture. Vous y trouverez plusieurs stands où vous trouverez des plats très copieux et très abordables. Et c’est sûrement l’endroit où nous avons mangé les meilleurs et les plus fatos rouleaux de printemps de l’Asie du sud-est pour seulement 40cts $ l’unité (env. 30cts €). On en rêve encore la nuit pour vous dire.

Pour 4$ (env. 3,10€) à deux, vous pourrez donc manger à vous faire déboutonner le pantalon. Le marché de nuit, situé au bord du riverside est donc une très bonne adresse pour aller dîner un soir de week-end.

 

Le marché central

Le marché central est central… C’est ici le départ et l’arrivée d’un grand nombre de bus qui voyagent à travers tout le Cambodge (compagnie 168 très répandue) mais aussi vers le Vietnam, la Thaïlande ou le Laos.

On trouve également au marché central, beaucoup de choses à acheter aussi bien pour les touristes que pour les locaux. Souvenez-vous, le marchandage est ici un sport national alors n’hésitez pas à prendre le plus beau de vos sourires et à marchander poliment quand le prix vous semble exorbitant, ce qui est très souvent le cas.

Le marché central de Phom Penh

 

Le riverside

Le riverside, à comprendre l’allée qui longe la rivière du Tonlé Sap est un lieu de vie très sympathique où locaux et touristes se mêlent très facilement créant ainsi une atmosphère assez animée. Cours de sport gratuit, lieu de balade agréable, le riverside offre une vue agréable sur la rivière et permet de faire des promenades entre différents lieux touristiques à visiter.

 

Le Riverside

Sur cette présentation de notre vécu à Phnom Penh, on vous dit à bientôt pour nos trois derniers récits sur le Cambodge qui ne tarderont pas.

 

La bise

Arou & Flo

 

 

Juin 2013

Bus Battambang-Phnom Penh : 7$/pers (env. 5,40€)

Blue Dog guesthouse : 10$/nuit (env. 7,80€)

Entrée du musée du crime génocidaire : 2$/pers (env. 1,50€)

Entrée du Palais Royal : 6,50$/pers (env. 5€)

Europe guesthouse : 13$/nuit (env.10€)

Rouleaux de printemps au marché de nuit : 0,40$ l’unité (env. 0,30€)

2 Responses to “Cambodge – Phnom Penh

  • Oh Seng !! J’ai séjourné 2 fois dans cette guest house, elle est géniale car Seng, sa famille et les garçons qui y travaillent sont adorables. Ca me fait plaisir de lire votre périple au Cambodge, ça me rappelle de bons souvenirs et finalement on s’est loupés de peu dans pas mal d’endroits lol Bonne continuation !

    • Eh oui Seng un homme très serviable qui voulait nous montrer tous les bons plans! Une valeur sûre son auberge. On a pas eu la chance d’aller au Sri Lanka mais la vie n’est pas encore finie 😉

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