Vietnam – Ho Chi Minh Ville, We are family !
Chers internautes,
De retour de notre séjour-catastrophe très vite écourté à Vung Tau, nous sommes rentrés à Ho Chi Minh Ville un jour plus tôt pour attendre la petite famille d’Arou, composée de ses parents, ses deux frères ainsi que sa belle-sœur. Oui, un grand voyage à sept, une belle colonie de vacances familiale à sac à dos.
Et comme depuis ces dernières semaines, rien ne tournait bien rond, on a continué sur la lancée des soucis en série. La veille de leur arrivée, après une bonne sieste reposante, nous avons reçu un message sur internet du père d’Arou, écrit en lettres capitales : « VOL DE CB, URGENT ENVOIE NUM COMPTE POUR OPP ». Eh oui, l’impensable était une fois de plus arrivé, petite famille en route dans le RER B pour l’aéroport Roissy Charles de Gaulle venait de se faire taper le portefeuille du père dans lequel se trouvaient sa carte bleue, une certaine somme en liquide ainsi que… la nouvelle carte visa premier d’Arou (précédemment volée à Sihanoukville au Cambodge deux semaines plus tôt). Eh ouais, comme nous disions : Il y a des fils de pu** partout sur cette planète, à Serendipity Beach comme à la station St Michel…
Bref, le temps que petite famille aille à la rencontre des gendarmes de l’aéroport et que nous passions 45 minutes sur Skype avec Estelle, Pascale, Henriette et Germaine* du service visa premier à déclencher une procédure pour obtenir une carte visa provisoire (qui, au passage, est de la daube en conserve), la famille était dans l’avion prête à décoller pour douze heures de vol direct jusqu’à Ho Chi Minh Ville.
*Prénoms fictifs
Les retrouvailles
6h20 du matin, mercredi 10 juillet 2013, nous embarquions dans le bus 152 qui nous conduira en 20 minutes du quartier backpacker du district 1 à l’aéroport international Tan Son Nhat et ce pour la modique somme de 10 000vnd chacun (env. 0,35€).
A 7h, heure d’arrivée estimée du vol Air France/Vietnam Airline, nous étions là, le cœur tout gonflé d’une distance de milliers de kilomètres pendant des mois, à attendre parmi la foule, petite famille qui ne devait pas tarder à franchir le seuil du sas d’arrivée de l’aéroport.
Devant nous, se succédèrent des retrouvailles en larmes, des retrouvailles festives, des retrouvailles émouvantes, des retrouvailles professionnelles… des jeunes filles vietnamiennes peut-être parties étudier en France qui revenaient au pays pour les vacances, des familles eurasiennes venant rendre une visite estivale aux grands-parents puis… une famille franco-dano-vietnamienne qui venait retrouver leur couple de tourdumondistes qui les attendait avec grande impatience !
Ho Chi Minh Ville
Après nos retrouvailles émouvantes, nous avons rapidement séché nos pudiques larmes au coin des yeux et avons profité avec euphorie le fait d’être enfin tous réunis après avoir passé tant de mois séparés.
Un taxi géant pour une famille de sept personnes, négocié à 600 000vnd (env. 21€) et nous voilà partis pour le district 1, rejoindre notre hôtel afin de reposer très rapidement toute la famille, fatiguée de douze heures de voyage en classe économique.
Trente minutes de trajet, beaucoup de conversations simultanées, une maman impressionnée (voire déjà très effrayée) par le trafic, un grand-frère surpris de voir tant de changement en six ans et notamment par le port du casque désormais obligatoire, un petit frère silencieux mais observateur, une belle-sœur enthousiaste et un papa qui commence à pratiquer sa langue native… et ça y est c’était parti pour trois semaine tous ensemble !
Voyager à sept et en famille
Le voyage en groupe comporte des avantages et des inconvénients. Lorsqu’il s’agit du « voyager en famille », le plus difficile à gérer, sont les disputes… oui, car quand dispute il y a (et il y en a), dans notre famille, nous avons appris à vivre avec cette obligation de s’aimer même quand on se trouve les uns et les autres un petit peu bêtes. Ce qui complique légèrement les choses !
En voyage organisé, l’affaire reste simple et donne un truc de ce genre : « tu vas là où on te dit, à l’heure qu’on te dit, tu fermes les yeux et on te conduira du point A au point B, fingers in the nose ».
Jeune couple en mode « tour du monde sans un sou », nous avons opté et forcé les parents à se lancer dans ce voyage non organisé « type backpacker, je ne sais pas où je dors demain ». Dès lors, la chose est beaucoup moins simple que le cas précédent, notamment lorsqu’on se déplace avec des cinquantenaires pas du tout préparés au choc de notre mode de vie… de clochards-voyageurs, admettons-le.
Ajoutons à ce mode de voyage le fait de devoir gérer ceux qui connaissent les lieux et ceux qui les découvrent, l’excitation des uns et l’appréhension des autres, ainsi que la personnalité et les sentiments de chacun… et vous obtenez un voyage en mode routard pas très reposant. Cependant, tout ce tintouin ne nous a pas détourné pour autant de notre direction commune : la découverte d’un autre monde et qui plus est notre pays d’origine !
Traversant le Vietnam du sud au nord, de Saigon à Hanoï, en bus couchette majoritairement, chacun a vécu sa propre expérience soutenu par tout le groupe, car oui en groupe et en famille, on est toujours plus fort, qu’on en est conscience ou non et notamment quand on a un super papa qui parle la langue locale.
Une semaine à attendre dans le coin que petite famille arrive et ça y est, nous étions enfin partis pour les visites des points touristiques de Ho Chi Minh et le Delta du Mékong !
Le Palais de la Réunification
Notre première visite se fit dès le premier jour, au grand désarroi d’une maman un peu beaucoup très épuisée mais tout de même motivée par l’excitation de toute la clic à se bouger pour profiter au maximum des trois semaines.
Dans le Palais de la Réunification a eu lieu, comme son nom l’indique, la réunification du pays durant les conflits sino-vietnamiens. De 1964 à 1975, la très connue guerre du Vietnam opposa le Vietnam du Nord (soutenu par les forces communistes chinoises) au Vietnam du Sud (ainsi que ses alliés les américains). Le 30 avril 1975, l’assaut de l’armée nord vietnamienne fit entrer le Palais de la Réunification dans l’histoire et sonna la fin de la guerre et la chute de Saigon.
La visite de ce palais à l’architecture encore très fidèle à l’époque des années 1970, a commencé à évoquer chez papa une succession de souvenirs lointains. De nombreux noms évoqués aux consonances familières ont permis au père d’éclairer des incertitudes sur l’histoire du pays ainsi que l’histoire familiale.
Le Musée des vestiges de guerre
La guerre du Vietnam contre les américains a marqué un tournant dans l’histoire vietnamienne mais également dans l’histoire mondiale. Au musée des vestiges de guerre, nous revivons les pires atrocités vécues par le peuple vietnamien.
Entre l’utilisation d’arme chimique telle que l’agent orange ou la dioxyne (dont on peut encore voir les dégâts : cancers, malformations fœtales, etc.), l’utilisation du napalm, les massacres de villages entiers (notamment, la tuerie de My Son du 16 mars 1968)… Les américains en prennent sérieusement pour leur grade et le musée ne fait pas forcément preuve de partialité, dénonçant cependant une réalité traumatisante pour le peuple vietnamien.
De même, le musée expose l’élan de solidarité de tous les partis communistes du monde appelant à la fin de la guerre et à la paix au Vietnam.
La découverte de ces vestiges nous rappelle avec un goût amer celle du S21 à Phnom Penh qui conte les massacres du régime de Pol Pot. Notre visite se fait une nouvelle fois sous tension et nous nous retrouvons tous les sept dispersés, chacun ayant besoin de son propre rythme pour découvrir ces lieux. Cependant, malgré un mauvais sentiment de déjà-vu, nous avons découvert les crimes de la guerre du Vietnam avec une teinte plus personnelle et plus sombre. Dans les années 1970, pendant qu’une partie de la population vivait les atrocités de la guerre, une autre partie fuyait pour sauver leur vie… et quatre décennies plus tard, un papa ému et ses trois enfants, descendants de cette génération ayant trouvé refuge en Occident, découvraient une nouvelle partie de leur propre histoire.
Le bureau de poste
Si vous visitez Ho Chi Minh Ville, ne faites pas l’impasse sur le bureau de poste dont la visite se fait très rapidement. A l’architecture coloniale très charmante, l’endroit est assez photogénique et vous permettra d’acheter tous les timbres nécessaires pour vos cartes postales.
Le marché de Ben Thanh
Le marché de Ben Thanh ressemble à tous les marchés touristiques que nous avons déjà visités en Asie du sud-est. Des vêtements, des souvenirs, des babioles, tous bien trop chers. Le lieu est à voir mais n’est pas obligatoire.
Visite au grand-père au cimetière militaire
Dans la banlieue d’Ho Chi Minh Ville, se trouve un cimetière militaire réservé aux officiers de l’armée vietnamienne. Y est érigé depuis quelques années le mausolée du grand-père d’Arou, décédé en 2006 d’un cancer.
Fièrement, nous nous y sommes tous rendus afin d’aller rendre hommage à ce Général et grand-papa que malheureusement Arou n’a rencontré que très peu de fois de son vivant. Le lieu ressemble à un cimetière comme à un autre mais une certaine prestance et élégance flottent dans cet endroit où reposent ces vietnamiens ayant servi leur patrie.
L’accident de scooter
Saviez-vous qu’à Ho Chi Minh Ville, il y a 4 millions de scooter pour 9 millions d’habitants ?
Pour ceux qui connaissent Saigon, nous ne pouvions pas ne pas vous parler du trafic routier qui est juste MA-LA-DE. Comme dit précédemment dans un autre article, tout se joue en symbiose. Traverser une rue relève de l’action suicidaire et doit se faire en différents temps : observer l’attroupement de scooters en approche, anticiper, se déplacer à petits pas, calculer les distances, retenir sa respiration, prier, et enfin souffler. La règle primordiale restant : OUBLIEZ LA COURTOISIE !
Malheureusement cette courtoisie si bien vendue dans nos sociétés occidentales, aura provoqué la plus grosse frayeur de notre voyage… Au moment d’une traversée de rue pour rejoindre notre hôtel, la maman d’Arou, un petit peu à la traîne et déjà très impressionnée par la circulation vietnamienne, s’est faite renversée par un scooter. [Pour vous rassurer immédiatement : rien de grave]. La scène fut simplement juste apocalyptique. Une maman vietnamienne sur son scooter avec son bambin sans casque, a percuté la maman française qui est partie en roulé-boulé sur le sol. Cris et pleurs d’enfants, bruit de verre cassé, nous avons eu à gérer une maman française blessée au bras et traumatisée ainsi qu’à une maman vietnamienne allumée comme une pile atomique prête à bouffer de l’européen à son dîner. Très vite, la foule, et toutes les commères du coin, se sont rassemblées autour de nous, jouant au flic et au juge à la fois. Dès lors, le papa d’Arou est immédiatement intervenu en vietnamien, sa langue maternelle, pour essayer non sans mal, de calmer la tension et notamment les quelques mots à la limite du déplacé lancés en vietnamien par certains protagonistes.
D’un côté la maman d’Arou, désolée et bouleversée à l’idée d’avoir pu blesser un enfant. De l’autre, une mère vietnamienne ne voulant absolument rien entendre, ne voulant pas reonnaître son éventuelle responsabilité, ni même s’inquiéter du sort de la pauvre blanche qu’elle venait de renverser. Nous avons eu affaire à une vietnamienne ayant de la suite dans les idées. Semblant avoir l’esprit clair, Madame la bombe atomique (sens littéral) n’a pas hésité à réclamer de l’argent pour son phare cassé tout en jouant sur la corde sensible en montrant la bosse imaginaire sur la tête de son fils.
Le père d’Arou se voulant bon négociateur, a tenté de lui faire reconnaitre sa responsabilité tout en lui pointant le fait que son enfant ne portait pas de casque (censé être obligatoire au passage). Deux clans ont fini par s’opposer : les partisans du « allé soit un gentil petit gars, c’est une pauvre femme, donne lui de l’argent, donne lui 200 000vnd (8€) » et les partisans du « non, c’est pas de ta faute, c’est une escroc, ils font toujours ce genre de chose ici ».
A cet instant, nous étions tous apeurés des conséquences de la situation si nous ne payions pas pour les dommages. Peur de la police corrompue et peur du racisme anti-blanc. Pas chez nous et dans un pays à la justice de rue aléatoire, nous nous sommes délestés de 200 000vnd avec le goût amer de s’être fait raquété alors que la mère était blessée au bras et à la cuisse. Cependant, nous nous sommes consolés en imaginant que l’approche du père en vietnamien aura été un grand atout et nous aura évité, une fois de plus, de payer le « prix touriste ».
Très effrayés à l’idée que ce différend ne soit pas fini, une fois à l’hôtel, nous avons consolé une maman très attristée mais aussi très courageuse avec l’aide de touristes taiwanais infiniment gentils, puis nous avons pris nos clics et nos clacs pour migrer vers un autre hôtel afin de ne pas avoir à faire à une éventuelle descente de police. Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés au Dune Cafe, où le papa s’est acoquiné avec le staff qui était amusé et impressionné de voir ce « presque » viet avec sa famille mélangée.
Après cet épisode une fois de plus très festif, nous avons passé une nuit peu sereine avant de prendre le bus pour Dalat, un peu plus au nord. Mais entre-temps, et nous ne l’avons pas encore raconté, nous sommes allés à la découverte du Delta du Mékong, comme de bons vieux touristes qui aiment le confort ! Et ce récit arrive très bientôt…
Pendant ce temps-là… à l’heure où nous finissons d’écrire ce récit, nous fêtons notre 200ème jour de voyage. HOURRA !!!
Arou & Flo
Juillet 2013 :
Bus pour se rendre à l’aéroport depuis le district 1 [BUS 152] : 10 000vnd/pers (env. 0,35€)
Taxi de l’aéroport international au district 1 : 600 000vnd (env. 20€)
Palais de la Réunification : 15 000vnd/pers (env. 0,50€)
Musée des vestiges de guerre : 15 000vnd/pers (env. 0,50€)
Dune Café : chambre double 10$/nuit – chambre triple : 18$
Et ben dis donc, il vous en arrive des aventures !
Au delà du spectaculaire finish, cet article m’a bien ému. Ces 3 semaines ont du apporter beaucoup à ta petite famille Arou. C’est vraiment chouette d’avoir pu vivre ça ensemble. Aller vite la suite !!!
Ah ah ah ! Effectivement, ce n’est jamais de tout repos avec nous ! Tu viens nous rejoindre pour voir 😀 ??
Ces trois semaines furent intenses, malgré les difficultés, on est très heureux d’avoir vécu tout ça!
Merci pour ton commentaire chère amie 🙂